Journal 1/2011: Un printemps chaud s’annonce! (Patrick Arendt)

17.02.2011

Après la lutte pour la revalorisation de la carrière et les longues discussions autour du texte de la nouvelle loi scolaire, les institutrices et les instituteurs du fondamental s’attendaient à une période plus calme pour avoir la possibilité de mettre en oeuvre de façon sereine les réformes visées par la nouvelle législation.

Or, il n’en est rien. Au lieu de préparer les changements pédagogiques en concertation avec les enseignants les plus expérimentés sur le terrain, le MENFP bombarde les écoles avec des outils élaborés de façon précipitée en essayant à tout prix d’imposer des changements mal préparés au niveau de l’école fondamentale. Ceci provoque un sentiment de frustration voire de désarroi chez les enseignants. De lourdes tâches administratives inutiles comme le PRS qui se réduisent à l’art pour l’art et qui exténuent, des formes d’évaluation qui ne correspondent pas aux exigences d’une école de qualité, un manque cruel de remplaçants et des formes rigides deconcertation qui ne répondent pas aux besoins d’organisation réels exaspèrent le personnel des écoles. Et par dessus le marché, le fameux contingent va à moyen terme anéantir la plupart des projets pédagogiques et des mesures d’appui instaurés par les enseignants tout en faisant augmenter les effectifs de classe.

Pourtant la nouvelle loi scolaire avait suscité une ambiance de renouveau. Au bout de deux années, l’enthousiasme s’effrite et est remplacé par une démotivation croissante. Malgré leur investissement et les grands efforts fournis, les institutrices et les instituteurs constatent que cette réforme risque d’engendrer exactement le contraire des objectifs avancés. Les inégalités sociales vont s’accentuer. Ils se demandent comment défendre des changements dont ils ne sont pas convaincus eux-mêmes.

Les projets de réforme au niveau du secondaire se voient vivement contestés par les enseignants en provoquant même un mouvement de colère. La manifestation du 25 janvier n’est certainement que le début d’un mouvement qui va en s’amplifiant.

Dans les mois à venir le SEW/OGBL réunira ses forces pour élaborer des propositions concrètes pour faire amender les lois et guider les réformes scolaires sur la bonne voie.

Soulignons encore une fois que le SEW/OGBL n’a jamais contesté les objectifs avancés par la nouvelle loi scolaire de l’enseignement fondamental. Adapter les apprentissages au rythme de chaque enfant, introduire une évaluation formative et aider les enfants les plus faibles, sont depuis toujours les principes fondamentaux de l’école publique pour le SEW/OGBL.

A part les applications purement utilitaristes, d’ailleurs fortement critiquées par le SEW/OGBL, l’enseignement par compétences reste un concept théorique flou qui n’a guère d’impact positif sur les apprentissages dans nos écoles.

Les bilans d’évaluation, introduits à la hâte, contiennent des descripteurs mal formulés voire ridicules. Les enseignants passent de longues heures à les remplir et doivent se rendre compte que tout leur travail ne contribue pas à améliorer la qualité de l’école.

Le SEW/OGBL invite d’ores et déjà tous les enseignants du fondamental et tous les intéressés à participer à sa 3e Journée de réflexion qui aura lieu le samedi 12 mars au CEFOS à Remich. Le SEW/OGBL s’est chargé d’élaborer des propositions alternatives concrètes pour une évaluation du système scolaire, des écoles et surtout des élèves. Vous trouverez tous les détails sur cette manifestation ainsi que les modalités d’inscription dans le présent journal.

Comme si cela ne suffisait pas, le Gouvernement vient d’ouvrir un nouveau champ de bataille: les ministres Biltgen et Modert ont élaboré une «réforme» en matière salariale et statutaire de la fonction publique qui n’a rien à voir avec le mot réforme, mais qui se résume à une tentative de détériorer les conditions d’embauche des jeunes générations.

Cette «réforme» se réduit à une réduction des salaires et à l’introduction d’un système d’appréciation des compétences personnelles et professionnelles de tous les agents de l’Etat.

L’OGBL refuse catégoriquement cette tentative d’une dégradation des conditions de travail et de rémunération.

En même temps, et en concertation avec les autres syndicats du département de la fonction publique de l’OGBL, le SEW/OGBL mobilisera tous les enseignants et éducateurs du secondaire, du fondamental et de l’EDIFF pour contrecarrer les plans du Gouvernement. Faut-il rappeler que dans le secteur privé les mêmes attaques contre les salaires ont lieu actuellement? L’OGBL ne se laissera pas prendre à faire le jeu du Gouvernement en montant le secteur privé contre le secteur public.

En même temps, le SEW/OGBL demande à la CGFP d’organiser et d’entamer des actions communes dans nos écoles et lycées, sachant que dans cette lutte, nos revendications sont les mêmes et que c’est l’union qui fait la force.


Patrick Arendt
président du SEW/OGBL