RÉUNIONS CONJOINTES PRIMAIRE/SECONDAIRE (Journal 5/2005) Sonja Delli-Zotti , Patrick Arendt
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Passage primaire-postprimaire
RÉUNIONS CONJOINTES PRIMAIRE/SECONDAIRE
Dans le cadre des réunions communes entre le département primaire et le département secondaire du SEW, les deux comités se sont réunis le 27 avril 2005 pour discuter du passage primaire-postprimaire.
Disons-le d'emblée, malgré les nombreuses imperfections du système d'orientation actuel, personne ne s'est prononcé pour un retour à l'examen d'admission à la fin de la sixième année d'études. Cette éventualité ne fut même pas énoncée.
Comme la Ministre de l'Education Nationale avait annoncé une analyse et une reforme de la procédure d'orientation actuelle, le SEW vient de créer un groupe de travail ayant pour objectif d'élaborer des propositions concrètes. Un questionnaire, adressé aux collègues du primaire et surtout aux titulaires des sixièmes années d'études, a relevé un fort malaise et un mécontentement quant à la procédure d'orientation et plus particulièrement au sujet des épreuves standardisées et du fonctionnement du conseil d'orientation.
Les épreuves standardisées sont de plus en plus considérées comme des examens. Et ceci non seulement par les parents, car ils représentent à leurs yeux le seul critère objectif pour justifier une orientation de leur enfant, mais malheureusement souvent aussi par les autres membres du conseil d'orientation, les professeurs et l'inspecteur, qui eux aussi ne possèdent pas suffisamment d'informations sur les élèves et ont donc, faute de mieux, tendance à surévaluer les résultats des épreuves standardisées. Ainsi les élèves ayant obtenu les meilleurs résultats dans les épreuves standardisées se voient orientés vers le secondaire classique. Rappelons que ces épreuves ne représentent qu'un maillon des compétences et facultés des élèves qui sont à considérer pour l'orientation. Il faut à tout prix éviter que ces tests remplacent l'examen d'admission avec tous ses méfaits: préparations et « entraînements » aux tests dans les classes et à la maison, stress à l'approche de ces « examens », etc. Ces épreuves semblent actuellement être surestimés. Le nombre et la qualité des items risquent de sanctionner lourdement une
petite erreur de concentration et de reléguer l'enfant beaucoup plus loin dans ce « classement national ».
Les membres du conseil d'orientation donnent toujours leur verdict sans concertation avec les parents.
Le titulaire de la classe qui a travaillé tout au long de la sixième année d'études (et très souvent déjà au cours de l'année précédente) avec les parents, perd beaucoup de son autorité, car le conseil d'orientation, dont les membres n'entrent pas en contact avec les
parents (les noms des professeurs du secondaire ne leur sont même pas communiqués), est ressenti comme une épée de Damoclès et ses critères de décision ne sont pas très transparents pour les parents.
Au lieu d'un conseil d'orientation qui donne son jugement d'après quelques épreuves, le SEW propose donc que le titulaire de la classe donne un avis motivé pour chaque élève et que la décision finale et la responsabilité de l'orientation vers le secondaire classique ou le secondaire technique incombe aux parents. Il va de soi que les parents doivent être informés d'une façon exhaustive, sincère et objective. Dans ce contexte, il est important qu'une orientation vers un lycée technique ne soit plus perçue comme un échec par les élèves et les parents. Il est donc impératif de renforcer l'information des parents sur le système scolaire et ses débouchés et de procéder à une revalorisation de l'image de l'enseignement technique.
N'oublions pas que les professeurs aussi se trouvent dans une situation assez inconfortable. Ils se voient obligés de donner un avis sur des enfants qu'ils ne connaissent pas et que dans la plupart des cas ils n'ont jamais vu. Ils n'ont aucune connaissance directe de son contexte socio-économique, de ses attitudes vers l'école, de ses motivations, intérêts, aspirations, etc. Leur avis doit se fonder sur un bref coup d'?il sur quelques travaux et textes élaborés par les élèves au cours de l'année scolaire en cours et sur ses notes qui ne sont pas comparables d'une classe à l'autre.
Le titulaire du primaire ne reçoit d'ailleurs pas de feed-back sur la qualité de ses avis d'orientation et sur l'itinéraire scolaire de ses anciens élèves. Le SEW demande de renforcer les concertations entre les cycles supérieurs du primaire et les cycles inférieurs de l'enseignement secondaire. Il faudrait développer de nouvelles formes d'échanges incorporant les objectifs et les méthodes pédagogiques.
En fin de compte, nous sommes toujours convaincus que cette orientation, qui constitue une étape extrêmement importante dans la vie d'un adolescent se fait à un moment trop précoce, car dans une phase assez difficile de son évolution psychique. Une première orientation ne devrait donc avoir lieu avant l'âge de 15 ans.