Avis du SEW sur le projet de loi introduisant dans la législation relative au personnel enseignant de l'enseignement post-primaire les principes du processus de Bologne

Le projet de loi sous revue passe sous silence le mémoire sur la formation initiale des futurs professeurs E7 que les trois syndicats représentant le personnel enseignant du postprimaire - dont le SEW/OGB-L- ont transmis le 3 décembre 2007 à Madame la ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, à Monsieur le ministre de la Culture, de l'Education supérieure et de la Recherche et à Monsieur le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative.
Ce mémoire a tout particulièrement rejeté la possibilité d'accéder à la carrière du professeur E7 de deux manières, soit sur base d'un bachelor scientifique suivi d'un master dans la même spécialité, soit sur base d'un bachelor scientifique suivi d'un master didactique.
Face à l'absence de réaction de la part des trois ministres - malgré la demande des trois syndicats à avoir un entretien dans les plus brefs délais -, nous insistons une nouvelle fois sur les arguments pertinents à l'encontre d'un tel choix :
- En parcourant les nombreuses formations offertes dans les différents pays européens, on constate que les conditions d'accès à un master en sciences de l'éducation font la plupart du temps abstraction d'acquis préalables dans le cadre des études de bachelor en sciences de l'éducation et que les universités acceptent très largement des candidats détenteurs d'un bachelor dans une autre spécialité, notamment en sciences humaines et sociales. Nous ne voyons pas comment des candidats « novices » en sciences de l'éducation pourraient y entreprendre une recherche valable ou y parfaire une formation qu'ils viennent juste d'entamer. Or, c'est bien l'esprit de recherche et de perfectionnement que nos futurs professeurs devront acquérir afin de le transmettre à leurs élèves ! Ainsi donc même si les accords de Bologne permettent ce type de combinatoire, il ne nous semble pas opportun de sacrifier une qualification plus poussée dans une spécialité, donnant accès à une maîtrise clairement établie de cette spécialité et à une expérience de recherche véritable, à un investissement dans une voie d'études complètement différente, sans rapport direct avec les matières étudiées dans le cadre du diplôme de bachelor préalable et ne pouvant générer une recherche qui mérite ce nom.
- Un tel sacrifice est d'autant plus injustifié qu'à l'heure actuelle, le futur professeur de l'ES et de l'EST est bel et bien initié et formé aux théories et aux pratiques pédagogiques tant au niveau de la méthodologie générale qu'au niveau de la didactique disciplinaire requises pour son métier et ce pendant une période de deux années d'études dans le cadre du stage pédagogique ainsi que, le cas échéant, d'une période d'une année supplémentaire dans le cadre de l'élaboration du travail de candidature.
- En permettant aux futurs professeurs E7 de délaisser le perfectionnement des études dans leur spécialité au profit d'une formation en sciences de l'éducation qui ne pourrait être qu'une initiation sous les conditions décrites, on risquerait d'aboutir dans le futur à deux catégories de professeurs inégalement formés dans leur spécialité et dont nombre ne pourraient plus enseigner dans les classes du cycle supérieur dans les deux ordres d'enseignement. Il en résulterait une perte de flexibilité inadmissible à nos yeux.
- Avec l'alternative proposée par le gouvernement, tant la réglementation de l'accès au stage pédagogique que la conception de celui-ci seraient confrontées à des problèmes quasiment insurmontables. Il faudrait d'une part créer des conditions d'accès ne privilégiant aucune des deux voies choisies et d'autre part servir au niveau des contenus aussi bien les uns que les autres. L'étendue du problème devient patente à travers la remarque contenue dans l'exposé des motifs du présent projet de loi notant que les modalités de recrutement et de déroulement du stage seront également adaptées pour tenir compte de ces deux options. En d'autres termes, deux types de concours et deux types de stage devraient être organisés. A fortiori, le risque existe d'aboutir à deux types de carrières.
Ensemble avec les deux autres syndicats, nous pensons aussi que le « master » comme condition de recrutement doit être défini avec plus de précision puisque les universités proposent différents catégories de « master ». (cf. annexe) Pour garantir un enseignement de qualité, nous revendiquons comme condition d'accès à la fonction de professeur d'enseignement secondaire et secondaire technique un « master 2 recherche », « research », « Master-Studiengang », voire « Staatsexamen für das höhere Lehramt » qui tous correspondent à 10 semestres d'études et à 300 points ECTS. Par conséquent, nous refusons comme condition d'accès au professorat un « master 1 » dit professionnel qui ne correspond qu'à 240 points ECTS et ne permet pas de compléter ses études par un doctorat par exemple.
Finalement nous nous demandons qu'est-ce-qui motive en réalité le gouvernement à déposer un projet de loi qui permet de choisir entre un master dans la spécialité et un master didactique. Ce n'est certainement pas le processus de Bologne qui pousse dans ce sens.
Veut-il en réalité faire évoluer les choses en direction d'un bachelor dans la spécialité, suivi d'un stage pédagogique qui ferait figure de master en sciences de l'éducation ?
Le projet de loi portant création d'une réserve nationale de maîtres-auxiliaires pour les établissements de l'ES et de l'EST prévoit comme condition d'engagement des chargés d'éducation un diplôme de bachelor dans la spécialité. Dans notre avis du 20 novembre 2007 sur ce projet de loi, nous avions écrit que ce projet tendrait à mettre en place une véritable voie de recrutement parallèle d'enseignants du postprimaire à un niveau de formation inférieur à celui prévu pour les titulaires. S'agit-il, avec le projet de loi sous revue, d'orienter à long terme le recrutement normal des professeurs de l'ES et de l'EST vers celui à base d'un bachelor dans la spécialité ?
Dans cet ordre d'idées, même si ce projet de loi prétend retenir comme diplôme d'entrée aux carrières supérieures de l'enseignement postprimaire le diplôme de master pour celles classées au grade E7, il nous semble qu'il ouvre en réalité la voie vers un déclassement. Nous refusons par conséquent le présent projet, comme nous avons refusé celui portant création d'une réserve nationale de maîtres-auxiliaires pour les établissements de l'ES et de l'EST et nous exigeons son retrait du rôle des affaires et l'ouverture d'un dialogue honnête du gouvernement avec les syndicats d'enseignants sur la politique de recrutement.
Luxembourg, le 10 avril 2009 SEW-OGBL
Annexe
Les diplômes « master » aux différentes universités en Europe
Les informations suivantes servent à démontrer que tout « master » n'est pas nécessairement « académique », c.-à-d. un diplôme de recherche, mais qu'il existe bel et bien nombreux « masters » dits professionnels qui, de manière plus pratique, préparent à la vie professionnelle. Les trois syndicats sont d'avis que la condition d'admission au concours de recrutement doit se limiter à un « master 2 recherche », voire un « research master » accrédité par 300 points ECTS.
1. Informations du British Council
« The taught master's consists of coursework and a dissertation. It typically takes one year to complete, unlike its US counterpart, which takes two years. Educators have determined the two systems to be roughly equivalent, as the UK system is more specialized and condensed than the US one.
Taught programs are usually divided into three terms. As a student, you will likely take courses for the first two terms and then spend the third (normally the summer months) researching and writing a dissertation of about 10,000 words. If you are on a technological or vocational program, a practical project may replace the dissertation
In most cases, assessment in taught programs is made on the strength of the final project and other work submitted earlier in the year, though a number of programs also require a formal written examination. The
While many research master's students continue on to a doctoral program, the degree can stand alone and offers a compromise between the classroom emphasis of the taught master's and research focus of the doctoral level.
To earn a research master's, you will need to produce a thesis - usually between 30,000 and 40,000 words - under the supervision of a tutor. If you want to pursue this degree,
2. Le «master» à l'université de Provence
Un « master 1 » ne correspond qu'à 240 points ECTS, tandis que le « master 2 » est subdivisé en « master professionnel » (préparation à l'UIFM / CAPES) et en « master recherche » (pouvant préparer à un doctorat de troisième cycle).
3. Le «master» à l'université Louis Pasteur de Strasbourg
Une licence correspond dorénavant à 3 années d'études et 180 points ECTS, un master 1 correspond à 240 points ECTS, un master 2 à 300 points ECTS.
4. Le «master» à la Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn
« Bei den Master-Studiengängen wird unterschieden zwischen konsekutiven, nicht konsekutiven und weiterbildenden Studiengängen.
Konsekutive Master sind Master-Studiengänge, die inhaltlich unmittelbar an ein vorhergehendes Bachelorstudium der gleichen fachlichen Disziplin anschliessen und auf eine vertiefte wissenschaftliche Bildung hinzielen.
Nicht konsekutive Master-Studiengänge, die interdisziplinär angelegt sind, werden unabhängig von einem vorherigen konsekutiven Bachelor-Studium angeboten. Der Zugang ist möglich über ein erstes abgeschlossenes Hochschulstudium in unterschiedlichen Studienfächern, deren Inhalte Grundlage und Voraussetzung für die Teilnahme am Masterstudium sind. Die konkreten fachlichen Voraussetzungen werden in den jeweiligen Prüfungsordnungen festgelegt.
Weiterbildende Master-Studiengänge richten sich im wesentlichen gezielt an bestimmte Berufsgruppen und sind häufig berufsbegleitend. »
5. «Lehramtsstudium» à l'Universität des Saarlandes
Regelstudienzeit und Umfang des Studiums
- Lehramt an beruflichen Schulen (LAB): 10 Semester und 300 Credit Points (CP)
- Lehramt an Gymnasien und Gesamtschulen (LAG): 10 Semester und 300 Credit Points (CP)
- Lehramt an Hauptschulen und Gesamtschulen (LAH): 8 Semester und 240 Credit Points (CP)
- Lehramt an Realschulen und Gesamtschulen (LAR): 8 Semester und 240 Credit Points (CP)