Evaluation de l’enseignement et des enseignants en France – Attention au copiage!

11.06.2012

Evaluation de l’enseignement et des enseignants en France – Attention au copiage!


Le New Public Management (NPM) – alors même que le Ministre Biltgen continue d’affirmer qu’il ne compte pas installer cette nouvelle forme managériale dans la fonction publique luxembourgeoise – est en train de se frayer son bout de chemin dans nos pays voisins … avant d’arriver définitivement chez nous. Les conséquences prévisibles que produirait le NPM, au niveau de l’enseignement, suscitent de plus en plus de commentaires critiques, notamment chez nos voisins français. Ci-dessous figure un passage fort intéressant d’un article de Christophe Hélou dans le Monde diplomatique du mois d’avril 2012.

Le projet du «New Public Management» vise à encadrer l’activité des fonctionnaires par le biais d’objectifs et de règles statutaires. Le NPM s’accompagne à la fois d’une autonomisation croissante des établissements – justifiée par un discours de «liberté» – et d’un surcroît de supervision, c’est-à-dire de hiérarchie (…).
Evaluer un professionnel implique de distinguer les normes du «beau travail» et du «bon travail». La communauté professionnelle fixe en général la première sur la base de ses idéaux professionnels et organisationnels; la reconnaissance par les pairs s’avère alors fondamentale. Le «bon travail» repose quant à lui sur une norme institutionnelle, une conception normative formulée par l’employeur. Toute activité se voit donc continuellement écartelée dans son évaluation entre le travail prescrit, assez proche du «bon travail», et le travail réel, assez proche du « beau travail».
Vouloir surimposer le travail prescrit sur le travail réel – ambition ultime des logiques managériales – relève donc d’une forme de taylorisation, ressentie comme violente par les travailleurs. Ce n’est plus l’activité elle-même qui est prise en compte, mais uniquement ses résultats, son «rendu visible».
L’évaluation se déporte sur ce qui n’est pas l’objet direct de l’activité: sur les signes tangibles et apparents de la soumission aux objectifs définis par l’institution. Ainsi, une grille d’entretien utilisée aujourd’hui dans l’académie «pilote» de Dijon propose de mesurer la capacité des enseignants à «remettre les documents demandés au moment voulu, appliquer les règles collectives concernant les sanctions et punitions, respecter la hiérarchie, s’impliquer dans le conseil d’administration ou le conseil pédagogique, remplir le cahier de textes» (…). Seule demeure l’évaluation des pourtours de la tâche professionnelle.
Et, comme l’évaluation finit par commander l’activité, il ne restera plus aux enseignants qu’à produire les preuves factices de leur excellence, qui sont généralement autant de signes de leur soumission aux injonctions de l’autorité.