Projet de cogestion
Le projet de loi de la nouvelle loi scolaire, proposé par Madame Brasseur ne donnait aucune importance à la cogestion des enseignants. Les comités ne jouaient plus de rôle important face à l'administrateur qui lui aussi ne fut qu'un simple exécutant administratif des directives émises par l'hiérarchie. Tout le système scolaire devrait être organisé de façon strictement hiérarchique et les enseignants ne se voyaient attribué aucune responsabilité quant à l'organisation des écoles, ni méthodes et orientations pédagogiques mises en oeuvre dans leurs cours. Lors d'une entrevue au sujet de la nouvelle loi scolaire, Madame Delvaux nous a signalé que la cogestion pourrait se retrouver dans les nouveaux textes de loi.
C'est pourquoi le SEW a décidé d'élaborer des propositions concrètes pour un projet de cogestion. Une journée de réflexion au sujet de la nouvelle loi scolaireaura lieu le 22 janvier 2004.
Sans vouloir anticiper les résultats de cette journée de réflexion, voilà une proposition pouvant servir de base de discussion. L'objectif principal sera d'améliorer la qualité de notre école et de notre enseignement. Il faut préciser que ces propositions ne sont pas tout à fait nouvelles, mais ont déjà fait leurs épreuves à l'étranger, notamment dans les pays qui obtiennent les meilleurs résultats scolaires.
Notre société qui se trouve dans une évolution permanente, impose une grande flexibilité à ses membres. Les élèves d'aujourd'hui seront les acteurs responsables de la société de demain. Il est clair que des enseignants réduits à de simples exécutants ne pourront pas éduquer leurs élèves à la responsabilité. Des enseignants capables, autonomes et responsables formeront des élèves responsables et autonomes. Les enseignants trouveront eux-mêmes les réponses adéquates aux défis que nous pose une population d'élèves de plus en plus hétérogène e tune situation linguistique de plus en plus compliquée.
Il ne s'agit donc plus de changer simplement le texte d'un article dans le projet de loi scolaire, mais il faut repenser le fonctionnement de notre système scolaire.
La qualité de l'enseignement luxembourgeois est étroitement liée aux responsabilités attribuées aux enseignants en ce qui concerne leur liberté pédagogique, la gestion des écoles et le développement de leur environnement scolaire.
L'enseignant luxembourgeois se retrouve dans une structure 'top-down'. La méthodologie pédagogique et les programmes sont prescrits par le ministère. Les manuels scolaires qui imposent leur approche pédagogique, ne laissent pas de liberté pédagogique aux enseignants, ne correspondent pas nécessairement aux besoins des élèves et imposent des objectifs hors de portée pour certains élèves, sont obligatoires. Les objectifs à atteindre pour chaque élève sont fixés presque au jour le jour.
Un grand nombre d'intervenants spécialisés a pourmission de s'occuper des élèves incapables de suivre le système luxembourgeois ou des enfants à besoins spécifiques. Ces intervenants dépendent de différents services se trouvant sous différentes autorités. Ni l'enseignant ni les parents peuvent s'adresser à ces services, ils n'ont que très peu ou même aucune influence sur l'aide fournie ou 'accordée' par ces services. Ces structures sont organisées de façon trèsbureaucratique.
Les intervenants travaillent souvent à côté des enseignants (dans une même salle de classe), il n'y a que très peu de collaboration.
La gestion des écoles dépend des communes. Le principe de cogestion n'est pas encore fixé dans la loi. Dans beaucoup de communes des enseignants se sont donnés les moyens de participer à la cogestion par la création de comités des enseignants. Ces comités dépendent toujours de la bonne volonté des communes et n'ont aucune base légale.
L'inspecteur représente l'autorité pédagogique. Toutes les initiatives mises en place sur les terrains sont soumises à l'approbation des inspecteurs. En ce qui concerne les projets pédagogiques, les communes ont une large influence, car ils décident des moyens mis à disposition des écoles et des enseignants. Les enseignants n'ont donc que très peu de liberté de choix quant à la distribution des ressources dans leurs écoles. Cette situation peut se résumer à une constatation toute simple: les enseignants n'ont pas de responsabilité.
L'échec scolaire reste le problème des élèves (et des parents). Les élèves sont eux-mêmes tenus pour responsables s'ils ne peuvent pas atteindre les objectifs fixés par le plan d'études et ils doivent redoubler l'année scolaire.
Les CMPP et autres services sont responsables des élèves à besoins spécifiques, sans pour autant avoir les moyens de fournir une aide efficace.
Les initiatives et projets pédagogiques dépendent bonne volonté des communes et des inspecteurs.
Le développement des écoles est limité et dépend de l'engagement de quelques collègues très motivés. Aucune concertation des enseignants n'est prévue dans le cadre des horaires scolaires.
Ainsi le SEW s'est fixé comme objectif de développer un modèle de cogestion à proposer dans le cadre de la nouvelle loi scolaire.
Il est clair que ce modèle ne devra en aucun cas augmenter la tâche hebdomadaire des enseignants. La tâche qui a déjà considérablement augmenté ces dernières années: par une hétérogénéité des élèves, par une situation linguistique de plus en plus difficile et par l'introduction des nouvelles technologies de l'information dans les salles de classe.
Le projet de cogestion nécessite une étroite collaboration entre tous les enseignants et les intervenants spécialisés. Il est donc impératif que la formation des instituteurs soit conçue de façon à garantir que tous les acteurs de l'école puissent collaborer sur la base d'un même niveau de formation.
Voici un premier essai d'un modèle type, servant de base de discussion pour notre journée de réflexion :
La préparation des cours ainsi que les corrections des devoirs sont faites à l'école. L'enseignant passera donc un certain temps à l'école en dehors des heures de cours. Cette présence est obligatoire.
Il va sans dire que l'infrastructure des écoles devra offrir aux enseignants les locaux et ressources nécessaires à leur travail de préparation.
L'objectif sera de se donner les moyens de mettre en oeuvre un travail en équipe.
Répétons que la tâche des enseignants a considérablement augmenté les dernières années. Il est inconcevable que cette présence à l'école engendre de nouvelles tâches non rémunérées, car par sa présence prolongée l'instituteur risque rapidement d'être sollicité de toutes parts.
Essayons de définir la tâche de l'enseignant ou plutôt la tâche de l'équipe des enseignants:
C'est en effet le comité de cogestion qui se charge de la coordination des travaux et qui est responsable de la gestion des ressources budgétaires et des décharges. Les comités font la coordination des enseignants ou groupes d'enseignants qui se chargent des projets d'innovations pédagogiques. Ces équipes ont la possibilité de choisir et de s'associer à un ou plusieurs experts externes. L'enseignant est l'acteur principal du développement de l'école. Les équipes pédagogiques disposent de ressources supplémentaires de temps pour les travaux et efforts supplémentaires.
Le comité organise les travaux administratifs. Dans les petites communes, les membres du comité s'en chargent, dans les plus grandes communes, c'est le rôle du représentant des bâtiments ou le service de l'enseignement.
Les enseignants organisent les cours d'appui et l'appui intégré selon les besoins de leurs élèves et de leur école.
Ainsi l'enseignant sera responsable de tous les élèves. Il n'est plus prévu de transférer les élèves dans des classes d'appui ou de les mettre dans les mains d'une CMPP. Chaque école devra s'occuper à fournir à ses élèves les aides appropriées.
Le rôle de la CMPP reste à définir. La CMPP pourrait s'occuper sur demande des enseignants ou des parents des élèves qui présentent de très grands problèmes et qui ne peuvent en aucun cas suivre les cours réguliers.
Il y aura une étroite collaboration entre les enseignants et les intervenants (du SREA). Cette organisation doit se faire au niveau des écoles; le modèle existant où les personnes restent sous tutelle du SREA et font des apparitions passagères dans les classes, sans véritable possibilité de collaboration, s'est montré lourd et inefficace. Une équipe pluridisciplinaire travaille au sein de l'école ou de la commune pour trouver les réponses adéquates aux problèmes et difficultés scolaires.
Le comité reste aussi l'organisateur responsable des activités péri- et parascolaire ainsi que des offres d'aides en dehors des heures de classe (Hausaufgabenhëllef). Ceci semble être d'une importance fondamentale en vue de l'introduction de la journée continue dans nos écoles.
Le comité des enseignants se chargera des relations avec les représentants des parents d'élèves.
Actuellement le nombre de comités de cogestion augmente continuellement. Toujours plus d'enseignants s'engagent dans des projets d'écoles locaux ayant pour objectifs d'adapter leurs écoles et leurs méthodes pédagogiques aux besoins de leurs élèves. Une plus grande responsabilité des enseignants augmente l'autorité et le statut de l'enseignant et rétablira la confiance des parents en l'école publique.