Règlements d’occupation des postes de l’enseignement fondamental

Règlements d’occupation des postes de l’enseignement fondamental :
Certaines communes semblent vouloir jouer avec le feu.
Lors des discussions sur la nouvelle loi scolaire, les autorités communales ont consenti sans brocher à l’étatisation de l’enseignement fondamental. Le SEW/OGBL avait essayé en vain d’avertir les communes sur la perte de leur autonomie dans l’établissement de l’organisation scolaire. La contrainte du contingent de leçons attribuées par le MENFP ne semble guère soulever leurs protestations, ne relèguent-elles pas plutôt aux comités d’école la tâche de leur présenter une organisation scolaire qui rentre dans les chiffres préétablis.
Par contre certaines d’entre elles semblent vouloir compenser leur perte d’influence en décidant souverainement dans des questions d’organisation interne des écoles qui sont restées de leur ressort après le vote de la loi du 6 février 2009.
Or, dans la plupart des communes les comités de cogestion avaient auparavant négocié avec les autorités communales respectives des règlementations permettant une gestion efficace des écoles et des conditions de travail acceptables pour le personnel enseignant.
Un de ces règlements concernait l’occupation annuelle des postes par le personnel enseignant de la commune. Ces règlements différaient d’une commune à l’autre selon les traditions et les spécificités locales, mais elles existaient dans la grande majorité des communes ce qui avait pour résultat que les opérations d’occupation des postes se passaient normalement sans grandes discussions et à la satisfaction générale. De temps en temps certains des principes étaient revus et adaptés aux nouveaux besoins des organisations scolaires, mais ces adaptations étaient toujours discutées avec les enseignants.
Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi cependant, certains Conseils communaux semblent vouloir décider annuellement de leur propre chef de l’occupation des postes dans la commune en se donnant un règlement d’occupation des postes allant dans ce sens. Le SEW/OGBL se demande si ces derniers n’ont vraiment pas mieux à faire que d’ouvrir cette boîte de Pandore qui leur procurera bien des querelles et des discussions inutiles, sans compter la démotivation du personnel enseignant et le disfonctionnement de leurs écoles.
En effet, ces règlements introduits dans la plupart des communes sur demande du personnel enseignant ont toujours été longuement discutés et bien des élus communaux ont demandé à remplacer le libre choix des enseignants sur la base de l’ancienneté par d’autres principes qu’ils croyaient plus propices au bon fonctionnement des classes. Parmi ceux-ci on entendait souvent la demande d’affecter les meilleurs instituteurs aux classes les plus difficiles. Pourtant la question sur les classes les plus difficiles et les meilleurs instituteurs ne trouvait que rarement des réponses satisfaisantes.
Aussi, les parents d’élèves ont-ils souvent plus de sympathies pour tel ou tel enseignant qu’ils trouvent particulièrement efficace ou jovial, et même là les avis divergent entre ceux qui préfèrent un enseignant sévère et exigeant sur les connaissances de base et ceux qui préfèrent quelqu’un de plus compréhensif ou plus ouvert sur les intérêts des enfants d’aujourd’hui. Il y a en effet des parents d’élèves qui seraient ravis de pouvoir choisir le titulaire de la classe que fréquentera leur enfant et pourtant chacun conviendra qu’il est impossible d’envisager une consultation des parents d’élèves à ce sujet.
Alors on peut bien se poser la question sur quelle base les Conseils communaux que se donnent de tels règlements d’occupation des postes veulent bien déterminer l’affectation des enseignants aux différents postes si ce n’est en suivant les recommandations du comité d’école ou du comité de cogestion. Et même ces derniers seraient bien conseillés de définir clairement les règles de conduite selon lesquelles ces postes seront occupés, de préférence des règles acceptées par la majorité du personnel enseignant.
Bien des enseignants se sentent aujourd’hui surmenés et souvent proche du burn-out. Ils doivent avoir la perspective de pouvoir choisir un poste pour lequel ils se sentent bien préparés. Ceux qui se sentent prêts à relever les défis les plus exigeants doivent avoir l’assurance qu’ils ne seront pas condamnés à persévérer dans ces situations au delà d’un certain temps. Et puis oui, les débutants devront accepter d’attendre quelques années avant d’avoir la perspective du choix, mais n’est-ce pas là un principe tout à fait raisonnable qui vous demande une plus grande flexibilité quand vous êtes jeunes.
La plupart des règlements de permutation ou d’occupation des postes qui existaient dans les communes avant la nouvelle loi scolaire étaient basés sur des principes clairs et adaptés aux besoins locaux. Ils étaient acceptés par la majorité du personnel enseignant en tant qu’un élément définissant leurs conditions de travail. Les communes seraient bien avisées de continuer à respecter ces principes si elles veulent pouvoir compter sur une organisation efficace de leurs écoles.
Le SEW/OGBL invite tous les comités d’école ou de cogestion à le contacter en cas de difficultés avec l’établissement de tels règlements, afin de pouvoir intervenir collectivement auprès des autorités communales concernées.
Monique Adam.