Apprentissage de l'anglais dès la classe de 7e (16/11/2006 Anne Brasseur) Q/R
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que conformément à l'article 75 de notre Règlement interne, je souhaite poser la question parlementaire suivante à Madame la Ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle:
«Dans le cadre de la réforme du cycle inférieur de l'enseignement post-primaire il est entre autres envisagé d'introduire l'apprentissage de l'anglais dès la classe de 7e.
Dans ce contexte, je souhaiterais poser les questions suivantes à Madame la Ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle:
Madame la Ministre n'est-elle pas d'avis que les élèves éprouvant des difficultés à gérer le passage de l'enseignement primaire à l'enseignement post-primaire risqueront d'être dépassés par l'introduction d'une branche supplémentaire?
Combien de leçons d'autres branches seront supprimées pour permettre l'enseignement de l'anglais? Quelles seront les branches concernées par cette suppression?
Madame la Ministre n'est-elle pas d'avis qu'une éventuelle diminution du nombre de leçons de français et d'allemand en classe de 7e ne permettrait plus aux enfants d'acquérir des bases solides dans ces deux branches indispensables? »
Croyez, je vous prie, Monsieur le Président, à l'assurance de ma très haute considération.
Député
Réponse de la Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle à la question parlementaire N° 1404, 1405, 1406, 1407 et 1410 de Madame la Députée Anne Brasseur:
Le document auquel vous faites référence dans vos questions No 1404, 1405, 1406, 1407 et 1410 a été conçu comme document de réflexion. Il m'a paru nécessaire de soumettre un certain nombre de considérations d'ordre pédagogique à l'avis des enseignants, c'est-à-dire à l'avis de ceux qui par après doivent mettre en oeuvre les décisions.
C'est également suite à une motion de la Chambre des Députés invitant le Gouvernement à étudier la possibilité d'étendre l'organisation de l'enseignement par cycles à l'ensemble de l'enseignement primaire et aux premières années de l'enseignement post-primaire que la question a été évoquée avec les enseignants.
Dans la question 1404 vous me demandez si dans le contexte d'une mise en place éventuelle de cycles d'apprentissage de deux ans, une promotion automatique entre la classe de 7e et la classe de 6e/8e serait une mesure pédagogiquement efficace. L'objectif de l'enseignement est que chaque élève progresse dans son apprentissage et développe au mieux ses capacités et ses connaissances. Quant à l'efficacité pédagogique, il est établi que le redoublement ne constitue pas une mesure de remédiation efficace, ni d'ailleurs la promotion appelée "automatique".
Voilà pourquoi il est demandé aux enseignants de proposer aux élèves qui n'ont pas atteint les compétences nécessaires des mesures de remédiation individualisées leur permettant d'atteindre les objectifs visés.
Je signale qu'en ce moment les seules classes dans lesquelles les élèves avancent "automatiquement", c'est à dire sans redoublement depuis la classe de 7e jusqu'en classe de 9e, sont celles du projet PROCI qui a démarré dans 4 lycées techniques du pays en 2003/2004.
Dans la question 1405 vous me demandez si dans le contexte d'une éventuelle introduction de l'anglais en classe de 7e les élèves ne risquent pas d'être dépassés par l'introduction d'une branche supplémentaire.
Il s'est avéré au cours des entretiens que j'ai eus avec les enseignants concernés qu'un enseignement de l'anglais en classe de 7e ne fait sens que si la branche dispose d'un nombre élevé de leçons pour démarrer avec un apprentissage plus intensif, ce qui reviendrait à changer fondamentalement la grille des horaires de la classe de 7e. Le gouvernement a convenu de ne pas introduire l'anglais en 7e.
Dans la question 1406 vous me demandez quelles suites j'entends réserver aux critiques formulées à l'encontre de l'introduction d'un enseignement et d'une évaluation par compétences dés l'année scolaire 2007/2008.
Les lycées qui sont prêts à commencer en classe de 7e avec un enseignement par compétences pourront le faire dès la rentrée 2007. Voilà pourquoi figureront sur les bulletins de la classe de 7e dès l'année prochaine des sous-rubriques permettant d'attester le niveau de compétences atteint, sans qu'il ne soit obligatoire pour l'enseignant de remplir ces cases.
En effet, seule la note figurant sur le bulletin sera prise en compte pour la promotion de l'élève. C'est également dans le contexte du projet PROCI qu'un enseignement par compétences et un bulletin correspondant a déjà été expérimenté.
Dans la question 1407 vous me demandez si des tests de compréhension orale n'induiraient pas des pratiques d'évaluation différant d'un établissement à l'autre.
A ce que je sache des interrogations orales ont lieu tous les jours en classe, des épreuves orales ont lieu aux examens de fin d'études sans que l'on se pose trop de questions sur les pratiques qui pourraient différer d'un établissement à l'autre. Cela est bien ainsi et je suis opposée à toute tentative de sur-réglementation car j'estime qu'il faut faire confiance à ceux qui connaissent leur métier.
Vous me demandez aussi si l'introduction d'une évaluation de la compréhension orale et écrite, de l'expression orale et écrite ne se ferait pas au détriment des compétences à l'écrit.
Ce n'est pas du tout le cas si l'on évalue l'expression écrite par une note spécifique ce qui permet de donner une juste appréciation des capacités que l'élève a réellement dans ce domaine. C'est plutôt la démarche actuelle qui risque de donner une fausse impression puisque les différentes compétences de l'élève sont confondues pour former une seule note permettant ainsi de compenser des faiblesses en expression écrite par des performances élevées en expression orale sans que cette compensation ne soit documentée.
Dans la question 140a vous me demandez si avec l'introduction de l'évaluation par compétences il faudra s'attendre à la disparition de l'évaluation chiffrée sur 60 points.
La réponse est non, puisqu'il est prévu d'intégrer l'évaluation des compétences dans l'évaluation des autres devoirs et que toutes les évaluations convergeront vers une note.
D'ailleurs ce genre d'évaluation se pratique déjà dans le contexte de plusieurs projets.
Dans la question 1409 vous me demandez si l'introduction de programmes et de méthodes différant d'un lycée à un autre accentuera la disparité entre les établissements.
C'est justement pour maintenir la cohésion nécessaire entre les classes et entre les lycées que les socles de compétences et les épreuves qui les évaluent à différents niveaux du parcours scolaire seront introduits.
Comme par le passé, les lycées pourront profiter d'un certain degré d'autonomie en ce qui concerne les programmes et aussi les manuels scolaires à condition de demander l'autorisation du ministre. Les choix didactiques restent le fait de l'enseignant, légitimés par sa liberté et sa responsabilité pédagogiques. Cependant pour assurer leur mission de plus en plus difficile et complexe les enseignants doivent travailler davantage en équipes.
Dans la question 14010 vous me demandez si j'entends abolir le régime préparatoire.
Ma réponse est clairement non. Le document sur le cycle inférieur a proposé de renommer ces classes dites modulaires en classes d'adaptation. J'ai l'intention d'intégrer ces classes au cycle inférieur et de les organiser sous le même toit que les classes actuelles du cycle inférieur, mais je ne prévois pas des classes comprenant simultanément les élèves orientés vers une 7e ST et les élèves ceux orientés vers le régime préparatoire.
Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle