Cours de natation à l’école fondamentale

Pourquoi cette polémique sur les cours de natation ?
Est-ce que nos élèves du fondamental n’apprennent plus à nager ? Est-ce qu’ils risquent leur vie à chaque fois qu’ils vont à la piscine ? Les questions parlementaires consacrées au sujet de la natation font penser que c’est désormais la seule discipline qui importe à l’école fondamentale.
L’aspect sécurité étant toujours un élément capable d’attirer l’attention des parents d’élèves et de faire peur aux professionnels, il est évidemment facile de jouer sur cette corde pour susciter des réactions. Si de surcroit le ministre de l’Education nationale laisse libre cours à la surenchère en répondant de façon ambiguë aux questions posées, les instituteurs feront bientôt un master en éducation physique et sportive avant d’entamer leur bachelor en sciences de l’éducation, afin de pouvoir assurer les cours de natation dans le cadre de leur tâche.
Depuis quelques mois les formations en vue de l’obtention du Junior Lifesaver sont saturées par des instituteurs et des chargés de cours désireux de continuer à enseigner la natation. Certaines classes n’ont plus de cours de natation parce que l’enseignant qui les dispense normalement n’a pas encore obtenu le brevet de sauvetage. Comme s’il n’y avait pas un instructeur de natation à côté qui en dispose. Est-ce que les deux personnes en charge des élèves pendant les cours de natation devraient avoir les mêmes formations ? Ceci ne me semble ni faisable, ni souhaitable. Ne serait-il pas plus raisonnable que les deux formations soient complémentaires ?
D’où vient cette hystérie ?
Il parait que dans certaines piscines les instructeurs de natation et les instituteurs qui jusque là se partageaient la tâche de l’enseignement de la natation et de la surveillance des élèves dans l’eau, ne se parlent plus. D’où vient cette soudaine mésentente ? Qui a intérêt à les dresser les uns contre les autres ? En écoutant les instructeurs de natation, il y en a qui ont peur de perdre leur emploi si les instituteurs enseignent la natation. En écoutant les instituteurs, il y en a qui affirment que les instructeurs de natation veulent les chasser des piscines, tandis qu’il y en a d’autres qui ont en marre de tout ça et qui n’en demandent pas mieux.
En attendant certains enfants ne vont pas nager. N’aurait-on pas intérêt à s’entendre ? Dans l’intérêt des enfants d’abord et dans l’intérêt des professionnels ensuite. Une bonne collaboration entre instituteur etinstructeur de natation n’est-elle pas la clé d’un bon enseignement de la nation et d’une garantie de sécurité pour les élèves ?
D’ores et déjà les instituteurs travaillent en équipes pédagogiques et souvent les collègues les plus motivés pour le sport reprennent ces leçons dans plusieursclasses pour lesquelles les titulaires préfèrent enseigner d’autres disciplines. Faut-il pour autant introduire dans l’enseignement fondamental des spécialistes pour chaque discipline au risque de perdre de vue le développement général de l’enfant ?
Si dans ma génération et surtout dans celle de mes parents il y avait encore de nombreux non-nageurs, je ne vois aujourd’hui guère d’enfants qui quittent l’école fondamentale sans savoir nager, sauf de temps en temps des primo-arrivants qui n’ont pas poursuivi toute leur scolarité à l’école luxembourgeoise. J’estime donc que de grands progrès ont été réalisés en matière de natation. Evidemment on peut toujours faire mieux, mais cela ne se fera pas en jetant le discrédit sur l’une ou l’autre profession. C’est plutôt dans la recherche d’une bonne collaboration que pourrait résider le succès d’une amélioration des ces cours, afin notamment de répondre aux besoins très divers des enfants qui nous sont confiés. Nous n’avons pas toujours l’occasion d’être à deux pour encadrer les élèves d’une classe. Profitons donc de cette occasion pour leur offrir un plus, au lieu de nous disputer !
Que ceux qui sèment la discorde avouent clairement leurs buts !

Monique Adam