La réforme de la formation professionnelle à l’image d’un exemple concret – bilan final de la première classe du technicien commercial réformé à la fin des 4 années de formation

14.05.2017

La réforme de la formation professionnelle à l’image d’un exemple concret – bilan final de la première classe du technicien commercial réformé à la fin des 4 années de formation1

Résultats des classes de 10e et de 11eet bilan à la fin des deux premières années de formation – bref rappel


Rappel des principaux résultats


Alors que la classe de 10e avait débuté avec un effectif de 29 élèves en septembre 2012, elle s’est retrouvée avec 22 élèves au terme de la classe de 11e en juillet 2014. Entretemps, 10 élèves en tout avaient arrêté la formation alors que 3 élèves avaient rejoint la classe, venant d’autres lycées du pays.

Pour le seul passage de 10e en 11e, la classe avait perdu 35% de son effectif, alors même que le redoublement n’est plus de mise depuis la réforme, que l’avancement automatique est devenu la règle et qu’un des principaux objectifs de la réforme a été de diminuer le taux d’échec !

Quant au bilan à la fin de la classe de 11e, il faudra retenir que seul un élève sur 22 n’avait aucun module à rattraper. Quinze élèves avaient entre 1 et 4 modules à rattraper tandis que cinq élèves se retrouvaient avec un retard entre 8 et 11 modules.


Modules préparatoires – Porte d’accès aux études supérieures


12 élèves sur 22 remplissaient, à la fin du cycle moyen, les conditions permettant l’accès aux modules préparatoires qui débutent en classe de 12e. Toutefois, alors qu’avant la réforme, tout diplômé technicien avait le droit de faire des études supérieures dans sa spécialité, presque la moitié des élèves dans le nouveau régime devaient déjà abandonner, à la fin de la classe de 11e, tout espoir d’être préparé pour des études post-bac. Or, beaucoup de spécialistes n’affirment-ils pas depuis longtemps que les créations de postes de travail, à l’avenir, se situeront de plus en plus à des niveaux BAC+2, BAC+3, voire BAC+5.

Les classes de 12e et de 13e – bref rappel des principaux résultats

Des élèves surchargés par l’accumulation de modules de rattrapage, de mesures de remédiation et accessoirement de modules préparatoires


fp_1.jpgAlors qu’au cours du premier semestre, un élève supplémentaire avait quitté le lycée et rejoint ainsi la liste déjà longue de celles et ceux qui ont abandonné la formation, les cours de rattrapage, les mesures de remédiation et autres modules préparatoires ont fait que beaucoup d’élèves « bénéficiaient » d’horaires hebdomadaires de 34, voire 36 heures, contre 30 heures en moyenne pour un élève « normal » dans l’ES et l’EST.

Des résultats catastrophiques dans les modules préparatoires


Sur les 12 élèves qui avaient participé aux modules préparatoires au premier semestre de la classe de 12e, seule la moitié a pu continuer au 2e semestre, l’autre moitié n’ayant plus eu l’autorisation du conseil de classe à poursuivre ces modules. Sur un total de 24 modules préparatoires, deux par élève, 11 n’ont pas été réussis, dont 5 sur 9 en Français et 6 sur 12 en Mathématiques.

Sur les 6 élèves qui continuaient à participer aux modules préparatoires au 2e semestre de la classe de 12e, aucun ne réussira son module de mathématiques. Ces résultats, finalement, ne faisaient que confirmer les critiques du SEW/OGBL sur l’absence de modules de mathématiques en classes de 10e et 11e ainsi que sur la dévalorisation systématique des cours de langues dans l’enseignement général.

Trois années de Mathématiques basiques au cycle inférieur de l’EST, deux années sabbatiques en 10e et 11e suivies, en 12e et 13e, de modules de mathématiques d’un niveau tel qu’ils devraient permettre un accès aux études supérieures : c’est l’échec assuré, encore et toujours au détriment des élèves concernés !


Les résultats dans les modules obligatoires à la fin de la classe de 12e


En fin de 12e, le nouveau bilan de la classe a révélé que seul un élève a réussi la totalité des modules. Cinq élèves - un quart de la classe – se retrouvaient toujours avec plus de 6 modules à rattraper, dont un élève avec une accumulation de 12 modules non réussis. Et dire qu’on était à une année de la fin « théorique » de la formation. 


Le bilan à la fin des cours en classe de 13e – admission ou non au PIF


En début de 13e, la classe avait encore perdu deux de ses éléments, comme quoi 19 élèves sur un total de 32 en 10e/11e débuteront cette dernière année de formation.

A la fin du 1e semestre, aucun élève ne s’était retrouvé sans le moindre module à rattraper. Deux élèves sur 19 se retrouvaient, à un semestre de la fin, avec 10, respectivement 11 modules non réussis. Trois des six élèves qui étaient toujours inscrits dans les modules préparatoires n’avaient pas réussi leur module de mathématiques.

JB_1_02.jpgAfin de permettre à un maximum d’élèves de garder une chance de se « qualifier » pour le PIF, le conseil de classe a proposé 12 modules de rattrapage et/ou de remédiation différents, à effectuer durant le dernier semestre de la formation. 64 mesures de rattrapage et/ou de remédiation au total ont ainsi été offertes aux élèves au cours de ce dernier semestre. Certains élèves ont ainsi été confrontés à quatre, cinq, voire sept mesures de rattrapage/remédiation. Autant dire que les chances de réussite furent minimes.

Le deuxième semestre commençait le 15 février 2016 et se terminait déjà le 20 avril, le PIF de la classe ayant été fixé aux dates du 28 et du 29 avril pour la partie écrite et au 14 juin pour la partie orale. Entre ces deux périodes se situait un stage de formation de 6 semaines. La classe s’était donc retrouvée avec un semestre réduit à 7 semaines et demi, période pendant laquelle les élèves devaient effectuer une unité capitalisable – ACTIF2 – à sept modules.

Pourquoi cette remarque est-elle importante ? Tout simplement parce que la règlementation en vigueur en 2015/16 stipulait qu’un élève devait non seulement réussir au moins 90% de ses modules pour être admissible au PIF, mais il devait également réunir deux conditions supplémentaires, à savoir que

  • tous les modules fondamentaux soient réussis, ce qui est tout à fait normal, et
  • qu’au sein d’une même unité capitalisable, au plus un module pouvait être compensé.

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Un semestre très court et très intensif, une unité capitalisable à sept modules et aucun moyen de rattraper un éventuel échec dans l’un ou l’autre de ces modules, étant donné que la fin du semestre était immédiatement suivie par le PIF, voilà un cocktail explosif qui aura coûté bien cher à bon nombre d’élèves au moment du bilan final.


Le bilan à la fin de la formation, après 4 années de galère


Le sésame du PIF n’est pas à la portée de tout le monde


A l’heure du bilan final, après quatre années de formation, sur 19 élèves inscrits en début d’année scolaire, 13 ont finalement pu participer au PIF, ce qui équivaut à un pourcentage de 68 %. Selon les propres dires du MENJE, le taux national des élèves ayant rempli les conditions pour accéder au PIF se situait aux alentours de 70%. Ceci équivalait, approximativement, au taux de réussite final dans les formations du technicien avant la réforme. Il ne faut toutefois pas oublier que l’accès au PIF n’est pas synonyme de réussite de la classe de 13e et d’obtention du diplôme de fin d’études. Encore fautil réussir le PIF !

Six élèves n’ont donc finalement pas réussi à se « qualifier » pour le PIF. Sur ces six élèves, tous ont réussi la totalité de leurs modules fondamentaux et seuls deux n’ont pas réussi à dépasser les 90% de modules réussis. Les quatre autres élèves furent en échec pour la seule et unique raison qu’ils n’ont pas respecté la fameuse règlementation qui veut que l’on n’a pas le droit de rater plus d’un module dans une même unité capitalisable. Ces quatre élèves ont donc étudié pendant quatre années pour en arriver là : un taux de réussite entre 92% et 96%, suivi d’une non-admission au PIF à cause de 2 modules non réussis dans une unité capitalisable d’un dernier semestre très stressant car très court et très intensif et qui, faute de temps, n’a donné droit à aucune forme de mesure de remédiation. 


Les résultats du PIF – encore plus catastrophiques que prévus


jb_1_04.jpgLors de la communication des résultats du PIF, l’ambiance était des plus noires. Quatre élèves ont finalement réussi le PIF. Et ces quatre n’étaient même pas d’humeur à se réjouir au vue des résultats de leurs camarades. De mémoire d’enseignant, jamais une telle atmosphère négative n’a régné après la proclamation des résultats. Quatre élèves ont obtenu leur diplôme de fin d’études. Quatre élèves sur 13 – 31%, si on compare par rapport à ceux admis au PIF, quatre élèves sur 19 – 21%, si on compte tous les élèves inscrits en classe de 13e. Quel gâchis !


Récapitulatif de 4 années de formation


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Nombre d’élèves inscrits dans la formation sur 4 années : 32

Nombre d’élèves inscrits en classe de 13e : 19

Nombre d’élèves admis au PIF : 13

Nombre d’élèves diplômés à la fin de la session de juin: jb_1_06.jpg

Sur un total de 32 élèves qui ont commencé la formation en 10e, seuls quatre ont réussi à avoir leur diplôme 4 années plus tard, un pourcentage tout juste de 12,5%.

Lors de la remise des diplômes, quelques jours plus tard, quatre survivants d’une réforme définitivement échouée se sont présentés sur l’estrade de la salle des fêtes. Quatre rescapés sur 32. Sans commentaire !


Au niveau national – le désastre annoncé s’est malheureusement confirmé


jb_1_07.jpgDepuis les premières discussions sur la réforme de la formation professionnelle et l’intégration des formations du technicien dans cette dernière, le SEW/OGBL n’a pas arrêté de dénoncer cette démarche et de prédire la catastrophe à venir.

Le désastre annoncé a pu être « camouflé » pendant quelques années, les premières formationspilotes dans le DAP, tout autant que les premières formations du technicien ne concernant qu’un nombre limité d’élèves. La division administrative et commerciale dans la formation du technicien, regroupant à elle seule un nombre d’élèves équivalent à toutes les autres formations du technicien prises dans leur ensemble, n’a démarré dans la nouvelle formation professionnelle qu’avec deux années de retard et ce n’est donc qu’en 2015/16 qu’elle est arrivée au stade de l’année terminale.

En juillet 2016 finalement, les responsables du service de la formation professionnelle et leur ministre de tutelle devaient se rendre à l’évidence. Les faits étaient là, présentés à la presse, chiffres à l’appui, par le SEW/OGBL alors que le MENJE n’avait pas, dans un premier temps, le courage de le faire soi-même.

jb_1_08.jpgTreize lycées, en tout, proposaient la formation du technicien dans la division administrative et commerciale.
  • 383 élèves au total étaient inscrits en classe terminale de cette division.
  • 270 élèves ont été admis au PIF, représentant un pourcentage de 70%.
  • 147 élèves ont réussi le PIF, ce qui représente un taux de réussite de 54%, si on compare le nombre de diplômés au nombre d’élèves admis au PIF – comparaison utilisée par le MENJE et les directeurs de lycée pour « embellir » les résultats catastrophiques.

En réalité, le taux de réussite n’est que de 38%, si on compare le nombre d’élèves diplômés par rapport au nombre total d’élèves inscrits en classe de T3CM – seule comparaison valable aux yeux du SEW/OGBL

Le taux d’échec total était donc de 62% si on cumule les échecs au PIF – 123 élèves – et les élèves non admissibles au PIF – 113 élèves. 236 élèves sur 383 n’ont donc pas reçu leur diplôme à la fin de la première session de fin d’études dans la formation du technicien commercial.


Le PIF de rattrapage avancé au mois de septembre


Selon le règlement en vigueur, les élèves en échec au PIF lors de la première session peuvent se présenter au PIF de rattrapage au mois de janvier/février de l’année suivante, tandis que les élèves non admis au PIF lors de la première session doivent attendre le mois de juin de l’année suivante pour se « requalifier ». Le SEW/OGBL avait déjà, à de maintes reprises, mis le doigt sur cette injustice flagrante qui défavorise les élèves du régime professionnel par rapport à tous les autres élèves de l’enseignement secondaire classique et technique.

Afin de montrer sa détermination à défendre les élèves qui subissent cette injustice, le SEW/OGBL s’est allié à la section Jeunes de l’OGBL et à l’Union nationale des étudiants luxembourgeois (UNEL) afin d’organiser, le 16 septembre 2016 à 14 heures devant le Ministère de l’Education nationale, une «action symbolique » en faveur d’un « PIF de rattrapage » au mois de septembre pour les élèves du régime professionnel.

Cette action devait se dérouler sous les mots d’ordre suivants :
  • Pour l’équité de traitement des élèves de la formation professionnelle par rapport aux élèves des autres régimes de l’enseignement secondaire.
  • Contre tout décalage, dans la formation professionnelle, de la session de rattrapage au-delà du mois de septembre.

Et, surprise, quelques jours après l’annonce decette manifestation et devant l’ampleur des dégâts suite à la publication des résultats de la session de juin du PIF dans la formation du technicien administratif et commercial, le MENJE décida d’organiser ce qui était encore, selon ses propres dires, impossible à organiser quelques jours plus tôt : une session de rattrapage dans ladite formation pourtous les élèves ayant raté leur PIF en juin et, à condition de réussir une épreuve de rattrapage préalable dans un des deux modules non réussis, pour tous les élèves n’ayant pas été admis au PIF au mois de juin pour la seule raison d’avoir raté deux modules dans la même unité capitalisable du dernier semestre de la formation en question

Il est évident que le SEW/OGBL s’est montré très satisfait de cette décision du MENJE. Il se pose toutefois la question pourquoi, subitement, l’organisation d’une session de rattrapage du PIF en septembre est devenue possible alors que, pendant des années, le MENJE n’a pas arrêté d’affirmer qu’une telle session de rattrapage serait impossible à réaliser en automne. Le ministre Meisch n’a-t-il pas encore expliqué, il y a quelques mois seulement, que « l’organisation du projet intégré final impliquerait la mise en place d’un dispositif logistique d’envergure afin de pouvoir assurer l’organisation et le bon fonctionnement des épreuves » et que donc « les projets intégrés finaux de rattrapage ne pourraient être organisés au mois de septembre de la même année mais devaient être décalés vers le mois de février de l’année scolaire suivante ». De plus, « étant donné la complexité des PIF, il faut un semestre entier pour bien préparer les élèves en échec pour cette nouvelle épreuve ».

Finalement, le « PIF de rattrapage » dans la formation du technicien administratif et commercial a eu lieu les 26 et 27 septembre 2016. Les élèves ont pu profiter d’une période de préparation aulycée d’une dizaine de jours à peine, en lieu et place de tout un semestre, comme prévu par le règlement et prôné par les prétendus experts pédagogiques du MENJE. Le succès de cette session de rattrapage, le taux de réussite dépassant les 80%, donne amplement raison au SEW/OGBL et à ses partenaires d’avoir insisté pour faire avancer la session de rattrapage. 

Concernant notre classe-pilote, 11 élèves sur 13 ont finalement réussi leur PIF de rattrapage et peuvent entamer leur carrière dans le monde professionnel, respectivement poursuivre éventuellement des études supérieures dès le mois d’octobre 2016 plutôt qu’en février 2017 … si les efforts du SEW/OGBL, de la section Jeunes de l’OGBL et de l’UNEL n’avaient pas aboutis.


Les 19 élèves de la T3CM six mois plus tard


Aujourd’hui, six mois après la session du PIF du mois de juin et trois mois après la session de rattrapage du mois de septembre, où en sont nos 19 jeunes qui avaient débuté la classe de T3CM en 2015/16 :

  • Deux sont réinscrits en classe de T3CM (appelé pour l’occasion TRCM pour celles et ceux qui n’ont pas été admis au PIF de l’année dernière et TRCM-PF pour celles et ceux qui ont raté le PIF) et participent à tous les modules proposés.
  • Trois sont réinscrits en classe de T3CM, mais ne participent qu’à un nombre réduit de modules selon un choix individuel. Ils viennent donc à l’école pour les seuls modules qu’ils ont choisis.  Quant au reste du temps, ils le passent pour l’essentiel à ne pas faire grand-chose.
  • Quatre ont réussi à trouver un emploi. 
  • jb_1_10.jpgDeux poursuivent des études supérieures.
  • Huit n’ont ni trouvé un emploi, ni ne poursuivent des études supérieures.

Plusieurs mois après la fin de leurs études secondaires techniques, plus de 50 % des jeunes diplômés se trouvent toujours sans travail et seuls 15 % des jeunes poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur. Le SEW/OGBL n’oserait pas affirmer, n’ayant pas de données précises à sa disposition, qu’avant la réforme, les jeunes avec le diplôme de technicien commercial trouvaient plus facilement un emploi. Mais ce qui est définitivement certain, c’est que beaucoup moins de jeunes issus de cette formation poursuivent, aujourd’hui, des études supérieures. En effet, selon une étude réalisée par le MENJE, se basant sur les diplômés ES, EST et DT de 2009/10 et 2010/11, un peu plus de 40% des étudiants du technicien commercial poursuivaient des études supérieures. Il y en a beaucoup moins aujourd’hui !

Le technicien commercial et les études supérieures

Finalement, 15 élèves sur 383 ont rempli, à la fin de leurs études, les conditions permettant la poursuite des études dans l’enseignement supérieur (réussite de tous les modules préparatoires des classes de 12e et de 13e). 15 élèves sur 383, cela représente à peine un taux de 3,9%. Avant la réforme, 40% en moyenne des élèves dans cette formation poursuivaient des études supérieures.

Par ailleurs, aucun élève du technicien commercial n’était inscrit, en septembre 2016, dans la formation BTS-Marketing à l’ECG, contre une vingtaine d’élèves en moyenne les années précédentes. Cherchez l’erreur !



La micro-réforme de 2016


Généralités


Avec la rentrée 2016/17, une « micro-réforme » a apporté un certain nombre de changements portant, pour l’essentiel, sur l’évaluation et la promotion des élèves.

Le changement le plus important consiste en la mise en place d’un « bilan intermédiaire », qui introduit un genre de système de compensation à la fin de la première année dans les formations du DAP et du CCP, respectivement à la fin de la 2e année dans les formations du DT. En outre, le principe de non admission au PIF en cas de cumul de deux ou de plus de modules non-réussis dans une même unité capitalisable est aboli.

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Par ailleurs, des changements mineurs permettent de faciliter l’organisation de la formation professionnelle au sein des lycées sans toutefois toucher aux fondamentaux de la réforme tant contestée par le SEW/OGBL, à savoir
  • l’enseignement et l’évaluation exclusives par compétences,
  • l’enseignement modulaire,
  • les curricula des modules de l’enseignement général,
  • les passerelles vers le régime technique,
  • l’organisation du PIF,
  • es modules préparatoires et l’accès aux études supérieures,
  • ….


Le bilan intermédiaire et final – changement phare de la micro-réforme


Pour le « bilan intermédiaire », la « décision de promotion » se base sur les résultats aux modules obligatoires depuis le début de la formation.

Pour le « bilan final », cette décision se base sur les résultats aux modules obligatoires depuis le bilan intermédiaire.

Le bilan intermédiaire à la fin d’une classe de 10e DAP ainsi que le bilan final dans une telle formation sont réussis si
  • au moins 85% des modules obligatoires sont réussis,
  • au moins 85% des modules obligatoires de l’enseignement professionnel sont réussis,
  • tous les modules fondamentaux sont réussis.

Le bilan intermédiaire à la fin d’une classe de 11e DT ainsi que le bilan final dans une telle formation sont réussis si
  • au moins 90% des modules obligatoires sont réussis,
  • au moins 90% des modules obligatoires de l’enseignement professionnel sont réussis,
  • tous les modules fondamentaux sont réussis.

jb_1_12.jpgLe bilan intermédiaire ou final d’une formation menant au CCP est réussi si l’élève a au moins atteint le seuil de 80% des modules obligatoires.

Le seuil de respectivement 80%, 85% et 90% est égal au produit du nombre de modules obligatoires et du nombre 0,80, 0,85 respectivement 0,9, arrondi au nombre entier inférieur.

Dans les formations du technicien, lors de la « décision de progression » après les classes de 10e et de 12e et dans les formations du DAP, lors de la « décision de progression » après la classe de 11e, l’élève a droit au même nombre de modules obligatoires non réussis que celui calculé pour le bilan intermédiaire, respectivement le bilan final.

En cas de réussite du bilan intermédiaire, l’élève peut poursuivre dans la classe subséquente et il est procédé à une mise à zéro du nombre de modules non réussis. En cas de réussite au bilan final, l’élève est admis au PIF.

Lors du bilan intermédiaire, un seul module fondamental non réussi au dernier semestre avant le bilan peut être rattrapé. Dans ce cas, l’élève est autorisé à progresser et doit avoir rattrapé avec succès ledit module au plus tard au terme de l’année scolaire subséquente.

A titre d’illustration, les nouvelles mesures sont expliquées ci-contre sous forme de tableau pour la formation du technicien dans la division administrative et commerciale.

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Qu’est-ce qui nous attend dans les années à venir ?


Les négociations autour de la macro-réforme à venir


Après la « micro-réforme » de 2016, le MENJE a entamé des pourparlers avec tous les partenaires concernés dont, une fois n’est pas coutume, les syndicats, afin de préparer une future « macroréforme » de la formation professionnelle.

Ces pourparlers, actuellement en cours, se poursuivront dans les semaines et mois à venir. Si le retour des notes et, au niveau des formations du technicien du moins, la tenue d’une session de rattrapage en automne en lieu et place de celle du mois de février semblent acquis, beaucoup de sujets brûlants restent néanmoins en suspens.


Les lignes rouges du SEW/OGBL


Les négociations seront difficiles, mais le SEW/OGBL continuera à se battre pour une amélioration conséquente de la qualité de la formation professionnelle. Dans les semaines et mois à venir, il insistera tout particulièrement à ce que les sujets suivants soient thématisés en profondeur.

Les passerelles avec le régime technique


Le SEW/OGBL exigera un renforcement substantiel des passerelles entre les différents régimes, vers le bas, mais surtout vers le haut. Il ne suffira pas de rendre plus attractives les passerelles entre les seuls régimes au sein de la formation professionnelle, mais des passerelles réalistes et fonctionnelles doivent de nouveau être rendues possibles entre les formations du technicien et le régime technique de l’EST dès la classe de 10e.

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Concrètement, le SEW/OGBL pourrait s’imaginer, du moins pour certaines formations (commerce, informatique, électromécanique, …), un système à trois voies (RT, DT, DAP) qui fonctionnerait selon des horaires et programmes (enseignement général assez important, enseignement professionnel réduit  et méthodes de travail (évaluation par branches, bilan chiffré avec complément de compétences) plus ou moins semblables. L’introduction de l’enseignement modulaire et une professionnalisation plus forte au niveau du DT et du DAP seraient alors repoussées d’une année et ne seraient introduites qu’en classe de 11e.

Une telle structure aurait le double avantage de faciliter le passage entre les différents régimes (et même entre différentes formations) à la fin de la classe de 10e et permettrait, après une première orientation « provisoire » vers un certain régime et une certaine formation en classe de 9e, une sorte de deuxième orientation « définitive » une année plus tard.

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Une classe de 10e à vocation plus généraliste


Alternativement, le SEW/OGBL propose la création d’une classe de 10e à vocation plus généraliste dont un des objectifs consisterait à mieux préparer et à mieux informer les élèves sur les différents métiers dont la formation concrète ne débuterait qu’en classe de 11e. Le SEW/OGBL rejoint en cela, dans les grandes lignes, les propositions de la Chambre des Salariés qui propose un allongement du cycle inférieur jusqu’en classe de 10e.


Le réaménagement de l’enseignement général


Le SEW/OGBL plaide pour la réintroduction de cours de mathématiques dans toutes les formations où cela fait sens. De plus, il est primordial pour le SEW/OGBL que le MENJE abandonne le principe de l’uniformité des cours de langues, qu’importe la formation. A l’avenir, il faudra absolument tenir compte des particularités des différentes formations dans l’élaboration des programmes. Pour y arriver, il serait opportun de reconfier la tâche de l’élaboration des programmes aux commissions nationales des branches respectives et non pas la laisser aux mains d’un groupe de travail dirigé par le MENJE.


Le système des modules préparatoires et l’accès aux études supérieures


Le SEW/OGBL demande à ce que la position de tous les partenaires concernés soit clarifiée quant aux objectifs poursuivis par les formations du technicien. Jusqu’à quel point ces formationspréparent-t-elles à la vie active et jusqu’à quel point doivent-elles préparer à la poursuite d’études supérieures ? La réponse à ces questions est primordiale avant d’entamer toute adaptation future des programmes ! Pour le SEW/OGBL, il a toujours été clair que le diplôme de technicien doit permettre la poursuite d’études supérieures dans la spécialité choisie. Dans cette perspective, les curricula devront impérativement être adaptés pour que la réussite aux études supérieures reste possible pour les meilleurs élèves, tout en ne défavorisant pas les autres élèves. Le SEW/OGBL continue également à mettre en doute le principe même des modules préparatoires et demande à ce que ces derniers soient intégrés dans la grille horaire classique et qu’ils deviennent donc obligatoires pour tous les élèves.


La réorganisation du PIF


Le SEW/OGBL plaide toujours pour l’abolition du PIF dans les formations du technicien et son remplacement par un examen national. A défaut de l’abolition pure et simple du PIF, ce dernier pourrait être remplacé par un projet en relation avec la formation, à réaliser tout au long de la dernière année de formation. Ce projet ne compterait pourtant que pour un certain pourcentage dans la réussite du PIF et devrait être complété par plusieurs épreuves, écrites et orales, se référant à la matière enseignée durant les deux dernières années d’études.


Conclusion


Les négociations en cours seront rudes, mais le SEW/OGBL continuera à défendre au mieux de ses possibilités aussi bien les intérêts des élèves que ceux des enseignants impliqués dans la formation professionnelle. Tous les deux le méritent amplement.





1 Suite des articles “Le désastre prévisible de la réforme de la formation professionnelle à l’image d’un exemple concret” – SEW-Journal 1-2/2013, “La réforme de la formation professionnelle à l’image d’un exemple concret” – SEW-Journal 4/2013, “La réforme à l’image d’un exemple concret - Semestre 3” – SEW-Journal 2/2014, “La réforme à l’image d’un exemple concret - Semestre 4” - SEW-Journal 3/2014, “La réforme de la formation professionnelle à l’image d’un exemple concret – la première classe de 12e du technicien commercial” – SEW-Journal 4/2015 et “La réforme de la formation professionnelle à l’image d’un exemple concret – les semestres 7 et 8 dans la première classe de 13e du technicien commercial réformé – SEW-Journal 3/2016