Quel avenir pour l’école publique?

21.04.2015

Lors du scrutin pour les élections sociales, le SEW/OGBL a encore une fois pu progresser sur les 3 listes où il avait présenté des candidats. La représentativité du SEW/OGBL dans le secteur de l’enseignement de la Fonction publique a été consolidée de façon impressionnante et ne pourra plus être remise en question.

Désormais les syndicats pourront à nouveau se concentrer exclusivement sur les sujets d’actualité quotidienne. Dans tous les ordres d’enseignement, celle-ci est dominée par la résistance des acteurs du terrain contre des mesures d’austérité imposées par leur gouvernement.

Au niveau du secondaire, les négociations de l’intersyndicale dans le cadre de la procédure de litige vont se poursuivre dans les semaines à venir. Au fondamental, la proposition du ministre d’augmenter la tâche par l’introduction d’une nouvelle grille horaire a été reportée provisoirement. Le SEW/OGBL restera extrêmement vigilant quant aux suites de ce dossier. Une nouvelle augmentation de la tâche des institutrices et des instituteurs ne pourra en aucun cas être acceptée.

Et n’oublions pas non plus la mise en oeuvre de l’accord salarial et de la réforme de la Fonction publique qui, sans doute en reconnaissance pour la parfaite collaboration de la CGFP, a été remis après les élections sociales. La hiérarchisation de la carrière, l’évaluation des enseignants, ainsi que l’organisation du nouveau stage d’entrée en fonction pour les enseignants du fondamental risquent de détériorer considérablement le climat de travail dans les écoles.

Le fait que la politique éducative se limite et se concentre pour ainsi dire exclusivement sur ces sujets, montre clairement la situation dramatique dans laquelle l’école publique se trouve actuellement.

Devant les immenses défis de notre enseignement public de qualité, comme la situation des langues, l’hétérogénéité de la population scolaire, les nouvelles exigences du marché de travail, sans oublier l’énorme taux d’échec dans nos écoles, la politique ne semble même plus être à la recherche de réponses adéquates.

Ce manque d’engagement pour l’école publique est néanmoins masqué par un discours politique qui d’un côté essaye habillement d’annoncer une plénitude de mesures qui ne sont jamais réalisées ou ne touchent pas le fond des problèmes et défis du système scolaire et d’autre côté cherche à rendre les enseignants responsables des difficultés actuelles.

Nous nous retrouvons en présence d’une politique néolibérale qui depuis les années quatre-vingts a été progressivement mise en place au niveau mondial. Même si le credo du dogme néolibéral vise une privatisation de tous les services publics, aucun responsable politique de l’éducation n’a jamais osé, jusqu’à présent, prendre une telle initiative. L’école publique pour tous, qui depuis sa création a été à la base d’une certaine égalité de chances en proposant une instruction de qualité aux enfants issus des classes sociales plus faibles, avait toujours une bonne réputation parmi la population.

La privatisation de l’école publique est un processus insidieux qui passe par une dégradation volontaire de la réputation de l’école publique et la volonté politique de créer des conditions nécessaires à l’essor d’écoles privées.

C’était d’abord pendant l’ère Thatcher en Angleterre que les bases de l’enseignement public en Europe furent progressivement sapées. L’introduction des principes du néolibéralisme, c’est-à-dire la concurrence et l’individualisme, ont fortement nui à la qualité et à l’image l’école publique.

Avec son étude PISA, l’OCDE a d’ailleurs fait avancer le travail de la destruction de la réputation de l’école publique, et ceci surtout dans les pays développés.

L’engagement pour une école publique de qualité pour tous, pour une école qui puisse au moins offrir la possibilité d’un ascenseur social aux enfants des milieux les plus démunis, passe par la résistance contre le démantèlement des services publics et de l’école en particulier. Nous devons veiller que l’école publique garde les moyens et ressources ainsi que l’autorité nécessaire pour assurer sa mission non seulement d’instruire tous les enfants, mais également de contribuer à la cohésion sociale. 

La transformation de la plupart des secteurs de l’économie privée selon l’idéologie prônée par les néolibéraux a déjà fait d’énormes dégâts. Ce processus qui n’est certes pas irréversible, est une réelle menace pour la paix sociale.

Veillons ensemble à ce que l’école publique reste une école de qualité, qui soit respectée par tous les citoyens et qui puisse assumer son rôle pour l’instruction de nos enfants et la sauvegarde de notre démocratie.


Patrick Arendt
Président du  SEW/OGBL