Nouveaux bilans intermédiaires pour les cycles 2-4 de l’école fondamentale

17.10.2016

Communiqué de presse:

Nouveaux bilans intermédiaires pour les cycles 2-4 de l’école fondamentale


Sous peu le ministre de l’Education nationale annoncera probablement que les nouveaux bilans intermédiaires que les élèves recevront cette année aux cycles 2.1, 3.1 et 4.1, constituent un compromis entre les exigences des enseignants du terrain et les experts du MEN et qu’ils ont été adoptés après de longues réflexions et discussions. Or, s’il y a eu en effet de nombreuses réunions et des expérimentations dans des écoles pilotes, les revendications des enseignants du terrain qui exigeaient à côté d’une évaluation formative, une information claire et nette sur la situation de l’élève par rapport aux programmes scolaires ne sont pas parvenus aux concepteurs de ce nouvel outil. Car la note, même sous sa forme atténuée (ABCD) ne doit pas refléter la situation de l’élève par rapport au programme d’études, mais sa performance en relation avec ses acquis antérieurs. Cela revient à induire en erreur une grande partie des parents qui se laisseront éblouir par des A et des B certifiant que l’élève travaille bien, même si son travail ne correspond en rien aux objectifs prévus par le plan d’études pour la classe qu’il fréquente. Aux enseignants du terrain incombe alors la tâche d’expliquer aux parents comment il faut comprendre tout cela. En investissant encore plus de temps et d’efforts d’explication en luxembourgeois, allemand, français, anglais et parfois grâce à des formations continues ou des médiateurs culturels en portugais, serbo-croate, mandarin et j’en passe, les enseignants parviendront peut être à amener certains parents à comprendre cet outil d’évaluation qui ne donne pas de message clair. D’autres se focaliseront sur les éléments positifs du message pour ne pas voir les défis à relever. L’élève lui-même n’a pas à sa disposition un outil qui lui montre concrètement comment il peut progresser grâce aux efforts d’apprentissage qu’il accomplit. Voilà donc qu’on continue à noyer le poisson au lieu de revenir vers un peu plus de clarté.

 

La façon dont les nouveaux bilans ont été présentés aux coordinateurs de cycle et aux présidents des comités d’école montre à quel point toute discussion critique doit être évitée. Ainsi le ministre présente les objectifs des nouveaux documents en une vingtaine de minutes où aucune discussion n’est prévue, ensuite les enseignants présents sont répartis en groupes plus restreints selon leur ressort d’inspection et des instituteurs ressource leur présentent le détail des nouveaux bilans. Avant la conférence de presse du ministre les nouveaux documents peuvent seulement être consultés par les enseignants présents, il est interdit de les emporter. Il incombera par la suite aux enseignants qui auront bénéficié de cette présentation d’initier leurs collègues au maniement de ce nouvel outil. Chacun aura ainsi sa petite tâche à accomplir sans devoir se poser de questions. Même dans les groupes restreints la discussion a été évitée par l’injonction d’apprendre à manier l’instrument au mieux. Les instituteurs ressources étant disponibles pour aider leurs collègues dans l’utilisation des nouveaux bilans, non pour en questionner l’utilité.

 

Voilà comment le ministre voit l’école publique : elle n’apprend plus à penser, elle apprend à fonctionner. Dès que les enseignants auront compris qu’ils devront dorénavant fonctionner comme il le leur demande et qu’il n’y a rien à questionner, ils appliqueront la même méthode à leurs élèves. Grâce aux nouveaux bilans, ces derniers apprendront rapidement comment faire pour obtenir des A et des B sans trop se fatiguer et s’ils n’ont personne pour leur montrer qu’il faut comprendre un peu plus pour bien se débrouiller dans la vie, ils ne se réveilleront que bien trop tard en constatant que les diplômes qu’ils ont obtenus ne leur donnent pas accès aux postes qui les intéressent.

Le SEW/OGBL ne se laisse pas berner par ces manœuvres, il exige le retrait de ces bilans inutiles et l’élaboration d’un outil permettant de situer les performances des élèves par rapport aux exigences du plan d’études. L’école publique doit permettre aux enfants de tous les milieux sociaux d’accéder aux savoirs et aux compétences qui permettent de créer un monde qui offre à chacun la possibilité d’une vie bonne.