Lettre du SEW/OGBL au Collège des inspecteurs

Luxembourg, le 23 mars 2015
Monsieur Pierre Reding
Président du Collège des inspecteurs
17a, route de Longwy
L-8080 Bertrange
Concerne: Dispositions concernant les cours de natation à l’école fondamentale
Monsieur le président du Collège des inspecteurs,
Depuis plusieurs mois les discussions autour des qualifications requises pour enseigner la natation vont bon train. Les inspecteurs qui exigent des institutrices et des instituteurs qui assurent ces cours d’effectuer une formation continue en vue d’obtenir le brevet de sauvetage Junior Lifesaver se font de plus en plus nombreux. Dans certains secteurs ces demandes s’adressent uniquement aux institutrices et instituteurs n’ayant jamais suivi une formation en matière de natation dans leur formation initiale ou continue, ainsi qu’aux chargés de cours n’ayant qu’un stage de 4 semaines et donc pas de formation adéquate, dans d’autres secteurs l’inspectorat oblige tous les enseignants désireux d’assurer les cours de natation à passer le brevet de sauvetage, malgré une formation initiale incluant la préparation à l’enseignement de la natation. Depuis, une panique semble sévir dans nombre de communes qui ne veulent plus garantir les cours de natation par manque d’enseignants disposant d’un brevet de sauvetage. De même, les classes dont le titulaire tombe malade un jour de natation ne pourront pas suivre ce cours avec un remplaçant s’il n’est pas en possession du fameux brevet.
Le SEW/OGBL ne peut comprendre cette soudaine panique qui perturbe le bon déroulement des cours à cause de ces nouvelles prescriptions intervenues au cours de l’année qui font que plusieurs classes ne bénéficient plus de cours de natation où dont les cours tombent en souffrance en cas de maladie de leur titulaire, s’il est remplacé par un chargé de cours qui n’est pas en possession du brevet de sauvetage. Si l’organisation des cours de natation demande en effet une attention particulière au vu des risques accrus pour la sécurité des élèves que représente cette activité, il faut également considérer les bénéfices qu’apporte cet apprentissage généralisé de la natation dans les écoles fondamentales et ceci notamment pour la sécurité future du public concerné. Ne plus organiser des cours de natation à l’école fondamentale rencontrerait certainement l’incompréhension des parents d’élèves concernés.
Comme il y a toujours un instructeur de natation responsable de la sécurité présent dans les piscines, la formation de l’instituteur doit rester axée sur la pédagogie plutôt que sur le sauvetage, ainsi le brevet de sauvetage élémentaire (Junior Lifesaver) n’apparaît pas comme la formation adéquate à offrir aux quelques institutrices et instituteurs n’ayant pas bénéficié d’une formation initiale en matière d’enseignement de la natation. La même remarque vaut pour les remplaçants ayant suivi le stage de remplacement et dont on ne peut valablement s’attendre à ce qu’ils disposent de toutes les compétences exigées des instituteurs, ceci étant valable pour toutes les matières enseignées.
Si l’on peut concéder qu’il y a matière à organiser des formations continues pour les cours de natation, ceci vaut pour toutes les disciplines. Cette formation peut s’avérer plus nécessaire pour les quelques enseignants n’ayant pas bénéficié d’une telle formation initialement, mais elle ne saurait alors en aucun cas se limiter au brevet de sauvetage, puisque le sauvetage est d’abord du ressort de l’instructeur de natation, tandis que l’instituteur est responsable en premier lieu de la pédagogie de la natation.
Par ailleurs, le SEW/OGBL est convaincu que les agissements actuels visant à discréditer la formation de l’instituteur pour les cours de natation, n’a pas d’autre objectif que d’ouvrir ces cours pour des « spécialistes » de la discipline que ce soit les instructeurs de natation ou les diplômés en éducation physique et sportive. En s’engageant dans cette voie, on nie cependant l’importance de la formation pédagogique pour le travail dans une école fondamentale.
Le SEW/OGBL estime que l’inspectorat devrait veiller en premier lieu à garantir le bon déroulement des cours dans les écoles et à ne pas priver les élèves de leurs cours de natation par le changement des dispositions y relatives en cours d’année.
En espérant que ces quelques remarques retiennent votre attention, le SEW/OGBL se tient évidemment à votre disposition pour des explications supplémentaires lors d’une réflexion commune sur les dispositions concernant ces cours. En attendant, il vous prie d’agréer, Monsieur le président du Collège des inspecteurs, l’expression de ses sentiments les plus distingués.