Les futurs institutrices et instituteurs seront les premières victimes de l’accord salarial

06.10.2014

Cation d’un stage d’entrée en fonction pour les enseignants du fondamental

 

Les futurs institutrices et instituteurs seront les premières victimes de l’accord salarial

 

Le ministre a l’intention de déposer assez rapidement le projet de loi portant création de l’IFEN (institut de formation de l’Education nationale). Le règlement grand-ducal de cette loi définit en même temps les dispositions et les conditions du stage des enseignants du fondamental. Le SEW/OGBL s’est toujours opposé à un tel stage.

 

La formation des futurs enseignants du fondamental est sanctionnée par un bachelor professionnalisant. Les détenteurs de ce diplôme sont formés à exercer la fonction d’institutrice ou d’instituteur. La formation comporte des parties théoriques et pratiques. Au cours des quatre années de formation, les étudiants passent plus de trente semaines en stage dans les écoles fondamentales. La formation initiale est par conséquent fortement liée à la vie professionnelle. Dès les premiers jours d’entrée en fonction, les nouveaux enseignants sont tout à fait outillés et capables d’exercer pleinement leur fonction et d’assumer leurs responsabilités à part entière.

Ainsi les enseignants du fondamental, contrairement aux enseignants du secondaire, n’ont à ce jour jamais dû suivre une formation d’entrée en fonction. Au cours de leur période de stage, ils assumaient pleinement les responsabilités de leur tâche.

Une dernière mise à jour pour adapter leurs connaissances et aptitudes au système scolaire luxembour- geois s’est faite lors du concours d’admission où les candidats doivent prouver que le plan d’études de l’école luxembourgeoise leur est familier.

L’accord salarial du gouvernement avec la CGFP entraînera un stage d’entrée en fonction pour tous les fonc- tionnaires, lié à une perte de salaire pendant la durée de trois ans de ce stage. Les nouveaux enseignants ne percevront que 80%, 80% et 90% du salaire actuel pendant leur temps de stage.

Le projet de loi de l’IFEN va pourtant beaucoup plus loin. Prenons l’exemple des étudiants qui ont fait leurs études à l’université du Luxembourg. Après un examen d’entrée, ils ont suivi quatre années de formation qui pourtant n’aboutissent qu’à un diplôme bachelor qui généralement s’obtient après 3 années de forma- tion. Après avoir réussi leur diplôme, ils doivent se soumettre à un concours d’admission à la fonction. Comme nous l’avons montré dans notre article, ce concours est plutôt à ranger dans le domaine des jeux de hasard.

Passé ces épreuves, le nouvel enseignant pouvait, jusqu’à présent, consacrer son énergie à sa nouvelle mission. Inutile de rappeler que les premières années d’une carrière d’enseignant sont souvent assez dures et nécessitent non seulement beaucoup d’énergie pour assumer les cours, mais aussi de longues heures de préparation.

Si maintenant les jeunes instituteurs devaient se soumettre au cours de leur stage à de nouvelles formations qui comportent à nouveau cours théoriques et examens, il est évident que même avec quelques décharges, il serait très difficile pour eux de se consacrer entièrement au travail dans les classes. Ils auraient au contraire tout intérêt à se concentrer sur la formation, sachant qu’après deux échecs à l’examen, ils seraient définitivement écartés de la fonction d’enseignant.

Cette formation n’est pas seulement inutile et très coûteuse, elle va retarder encore davantage le moment où le nouvel enseignant pourra se consacrer entière- ment à sa nouvelle tâche. Il est à craindre qu’après de longues années d’insécurité et de précarité pendant les études et le stage, les nouveaux enseignants ne soient déjà découragés et démotivés.

La formation qui doit être juxtaposée à la formation initiale pourrait dans le pire des cas se révéler comme identique à celle que les anciens enseignants ont subie à l’ISERP.

Le SEW/OGBL avait d’ailleurs revendiqué que la formation des institutrices et instituteurs se fasse à l’université. Le SEW/OGBL avait toujours demandé une formation au niveau master. Si la formation actuelle ne pouvait suffire à ce que le ministère attend des ensei- gnants, une formation master s’imposerait avec tous ses impacts sur la carrière de l‘instituteur.

Dans la situation actuelle, le SEW/OGBL ne peut accepter un tel stage pour les jeunes qui risquent d’être les premières victimes de la réforme de la Fonction publique. N’oublions que d’autres mesures aussi néfastes sont prévues pour tous les enseignants. La hiérarchisa- tion de la carrière et l’évaluation sont des éléments qui risquent de détériorer le climat dans nos écoles.

Les étudiants en formation et les collègues qui doivent encore se soumettre au concours sont en colère et ils ont raison. À leur demande le SEW/OGBL organise deux réunions d’information et de concertation qui auront lieu :

à 13.10 heures

salle Audimax au Campus Walfer et

samedi 18 octobre 2014

à 10.30 heures

au siège du SEW

Le SEW/OGBL donnera les informations nécessaires et soutiendra les étudiants dans leurs démarches futures.

Les conséquences de la réforme de la Fonction publique nous concernent tous.

Patrick Arendt